Irène Félix

J'ai repris ce soir mes pérégrinations dans les cages d'escaliers du Moulon. Je voulais voir comment se traduisait, dans la réalité, l'engagement pris par l'OPAC de maintenir un entretien correct des immeubles pendant le temps long qui précède encore les démolitions, annoncées puis retardées, et encore retardées. Résultats entre médiocres et acceptables, sans plus, sauf dans une cage d'excalier plus malmenée que les autres où c'est franchement dégradé. Il faut dire que la vétusté s'impose partout. Les fenêtres ferment mal, les travaux d'étanchéité ne sont pas faits, on remplace des fenêtres brisées par du contreplaqué, les boîtes aux lettres trahissent l'abandon, les boutons électriques, déglingués, datent probablement de la construction, il y a plus de 50 ans ... "Depuis que vous avez fait venir les journalistes dans le quartier l'an dernier et qu'ils avaient tout nettoyé, il ne s'est pas fait grand chose." Si vous le dites !

Mais les loyers sont faibles et les salaires aussi. Nous échangeons sur la vie quotidienne des uns et des autres : les bus qui ne circulent pas à l'heure où les salariés les plus pauvres embauchent, la manif d'hier qui était belle pour laquelle on a pris une heure de travail (plus, on ne peut pas), l'intérêt du travail que l'on a, la misère du handicap, les nouveaux pavillons où les charges restent élevées, l'envie de partir et celle de rester pour le quartier et le loyer, la vie en immeuble, plus solidaire qu'en pavillon, le journal "Vivre ici j'aime" qu'"ils" ont fait taire et qui manque ....

J'ai pour ces contacts, une véritable passion.