30 avril 2007
Débat avec Bayrou
Je réagis avec retard, il est vrai, sur ce débat. Je n'en demeure pas moins avec quelques questions.
Fallait-il dialoguer avec Bayrou et le légitimer comme "possédant" durablement des voix qui se sont portées sur son nom au premier tour (en particulier pour les prochaines législatives et au-delà) ? Fallait-il au contraire, comme le fait Sarkozy, s'adresser à ses électeurs en pariant sur leur "retour au bercail" ? Autrement dit, fallait-il prendre acte de cette troisième force ? La réponse est-elle la même pour le court et le long terme ? Quel sens au court terme si le long terme est fragilisé ?
Je n'ai pas pu écouter la totalité de l'échange. Savoir qu'il peut y avoir des convergences sur certains dossiers insitutionnels (sûrement pas tous si je sais lire les programmes des uns et des autrs) et moins sur les dossiers économiques est dans la logique des choses. Il était sûrement bon que ce soit débattu mais était-ce le bon moment ? Cela n'aurait-il pas éclairé le premier tour ?
Je n'en sais rien.
Ce qui est sûr, c'est que le deuxième tour, qu'on le veuille ou non, est binaire : c'est Sarkozy ou Royal. C'est finalement bien là-dessus qu'il faudra que les électeurs se déterminent.
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Commentaires
La lecture de cette note est délicieuse, surtout après votre jugement sur les indiscrétions prématurées de Michel Rocard avant le second tour, c'est à dire il y a quelques jours seulement !
Que vous le vouliez ou non, une page est en train de se tourner, et le PS est en train de mourir sous nos yeux, Ségolène élue ou pas.
Quant à la binarité du second tour, elle est dans les institutions de Vème République uniquement. Mais on serait bien naïf d'en déduire une dualité politique. Il y a entre les deux candidats des différences qui se réduisent à des nuances : les nuances qui séparent une droite dure d'une droite molle, un néolibéralisme qui dit son nom, et une démocratie libérale-sociale qui a du mal à avouer qu'elle a largué les amarres d'avec l'idée socialiste. Faut pas désespérer Billancourt.
Pourtant, il n'a pas grand chose à espérer de tout ce cirque.
Si Royal est élue et qu'elle nomme des ministres UDF dans son gouvernement, je lirai avec attention et gourmandise vos billets pour voir quelle gymnastique dialectique vous savez mettre en oeuvre pour nous expliquer, comme dans la chanson de Brigitte Fontaine : "C'est normal !"
Un petit lien vers un article clairvoyant sur la situation politique du moment.
http://www.la-sociale.net/article.php3?id_article=281
PS : Et votre sentiment sur les signes forts du camarade Michel Charasse, sénateur socialiste de son état ? La bessonite gagne ?
Écrit par : bombix | 01 mai 2007
Cher Bombix,
Si vous lisez bien, il me semble ne pas dire autre chose qu'il y a quelques jours.
Par exemple qu'un débat de fond avant le premier tour entre Royal et Bayrou aurait peut-être permis de montrer plus nettement à l'électorat de gauche tenté par Bayrou que Bayrou, économiquement, est très éloigné de la gauche. Un débat de fond avant le premier tour, c'est très différent de l'alliance sans condition à laquelle appelait Rocard.
Et c'est différent de la situation d'entre deux tours où le débat avec le troisième homme prolonge sa légitimité pour les tours suivants ... ce qui me laisse sceptique.
Écrit par : Irène Félix | 01 mai 2007
De toutes manieres, Sego ne peut gagner QU'AVEC les electeurs de Bayrou, vu qu'a votre gauche, il n'y a plus rien.
Vous n'avez donc le choix qu'entre 2 attitudes :
Soit vous demandez clairement aux électeurs de Bayrou dont je suis de voter pour Sego et elle a une chance de l'emporter. L'UMP et Sarko vont alors exploser.
Soit vous faites la fine bouche et Sego perd. Le PS s'autodétruira alors, et c'est le parti de Bayrou qui sera l'opposition à Sarko.
Bref pour vous, c'est juste une question de survie ;-)
Écrit par : Serge | 02 mai 2007
Oui... tout cela est bien beau, mais c'est de la politique-fiction. Aucun débat de fond n'était possible avant le 1er tour, car cela aurait ruiné le fond de commerce de Bayrou, qui est "la lutte contre le système" - comme si un ancien ministre de Juppé n'en faisait pas partie, du système.
Selon la bonne vieille méthode qui consiste à cerner une identité par son genre proche et sa différence spécifique, il est bien entendu qu'avant le 1er tour, c'est sur la différence spécifique que l'accent était mis. Maintenant on peut passer au genre proche. Au fond ce que reproche Bayrou à Royal, c'est de ne pas encore être assez à droite, d'un point de vue des réformes économiques en particulier. Mais ce qui le rapproche, c'est la méthode. "Réformer sans brutalité".
Droite dure ou droite molle. Mais droite quand même.
Alors, l'idée d'alliance avait au moins le mérite de la franchise. L'idée de dialogue est plus hypocrite, surtout si à la clé il y a des ministrables et des portefeuilles.
Le congrès d'Epinay avait défini le PS par sa différence spécifique avec le centre. Ségolène Royal définit "le pacte présidentiel" par son genre proche. D'une optique à l'autre, on a changé de programme et d'objectifs politiques : cela s'appelle "moderniser la vie politique". ;-)
Écrit par : bombix | 02 mai 2007
Ca va être dur de faire la synthèse entre Bombix et Serge !
Oui, clairement, la ligne défendue par Ségolène Royal n'est plus celle d'Epinay. La question peut se poser, en fonction des résultats, de savoir s'il faudra "refonder" le PS, tendance Epinay, ou non. J'ai mon petit avis là-dessus.
Pour l'heure, on a effectivement besoin de tout le monde et donc de la gauche et de l'extrême-gauche comme de cetains électeurs de Bayrou (le plus possible !) pour éviter Sarkozy.
Que dire aux électeurs de Bayrou ? Qu'une démocratie respectueuse du peuple et des institutions est plus sûre avec Royal qu'avec Sarkozy. Que la politique économique et sociale que nous allons mener est plus sûrement efficace pour les finances publiques (la relance du pouvoir d'achat étant un outil de la relance économique, avec l'effort sur la recherche et le soutien aux PME) que la baisse des impôts pour quelques uns. Qu'il n'y aura pas d'ambition pour l'école, la formation et la recherche en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux qui part en retraite. Qu'un pays apaisé est la condition pour avoir une ambition économique, humaine et internationale.
En espérant vous compter dimanche avec les électeurs de Ségolène Royal.
Écrit par : Irène Félix | 02 mai 2007
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