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23 mai 2008

Faim

Ils ne mangent pas à leur faim : de réunion en réunion, de rencontre en rencontre, je suis confrontée à cette réalité qui n'a rien d'exotique. A Bourges, un nombre significatif de personnes ne mangent pas à leur faim. C'est le cas de ces enfants qui vont au soutien scolaire ... et qui se jettent sur le goûter ; c'est le cas de ces adultes qui, ayant renoncé à boucler les fins de mois, s'approvisionnent auprès des associations qui font de l'aide alimentaire puis finissent par trouver des stratégies de fuite, telles que l'hospitalisation temporaire pour pouvoir manger ; c'est le cas de ces femmes, croisées avec fort peu de choses dans leur cabas, qui expliquent que ce sera pour les enfants, ... pour elles, cela fait longtemps qu'il n'y a plus que des pâtes ou des pommes de terre.

Nous débattons au PS de l'évolution de notre déclaration de principes. Elle présente le PS comme "un parti réformiste qui porte un projet de transformation sociale radicale" et elle porte une critique très vive du capitalisme, "créateur d'inégalités, porteur d'irrationalité, facteur de crises". Elle rappelle qu'"être socialiste, c'est ne pas se satisfaire du monde tel qu'il est", l'idée socialiste relevant à la fois "d'une révolte contre les injustices et de l'espérance pour une vie meilleure".

Un système de marché qui ne permet pas à tous de gagner assez pour manger mérite bien une révolte contre les injustices et la volonté d'une transformation radicale de la société, même si cette transformation, pour se faire, passe par la réforme.

Commentaires

"même si cette transformation, pour se faire, passe par la réforme."

Qu'est-ce à dire ? Quelle ou quelle(s) réforme(s) ? Depuis 1983, le Parti Socialiste n'est plus un parti qui rassemble des forces qui s'opposent au capitalisme "créateur d'inégalités, porteur d'irrationnalité, facteur de crises", mais un parti qui accepte les termes mêmes du problème de l'économie politique, tel que le pose le capitalisme dans les sociétés éco-techniques du monde occidental.

Avant de poser le problème de la réforme et de ses bienfaits, il faudrait savoir qui possède les moyens de production, qui détient la finance, qui fait la monnaie et détermine sa valeur. Le pari réformiste, c'est qu'on peut faire fonctionner cette belle machine de façon "équitable" ; c'est le capitalisme éthique, cher à Michel Rocard. Tous s'y sont pliés, des partis de gauche aux syndicats. Même la CGT y vient, mine de rien. Pour quel résultat ?

Les acquis sociaux sont grignotés un par un. La confusion s'est établie entre les problèmes sociétaux et les problèmes politiques (voir dans l'actualité le traitement réservé au 40 ans de mai 68). Les oubliés de la fracture sociale ne se rendent même plus aux urnes. Vous en avez fait les frais, chère Irène.

Bref, c'est la déroute. Jospin, avant de se faire éjecter de la scène politique par un tribun populiste manipulant des idées nauséabondes, nous a vendu l'euro. La panacée. Le socle pour établir une Europe politique pacifiée. L'euro a été l'une des causes de l'inflation galopante que nous vivons aujourd'hui, qui appauvrit davantage les pauvres. Car dans le même temps, les 35 heures annualisées ont fourni un excellent prétexte aux employeurs pour ne pas augmenter les salaires.

Mais la crise ne sévit pas pour tout le monde. Dans le temps même où des gens souffrent à nouveau de la faim en France, d'autres s'enrichissent comme jamais. Ainsi l'atteste l'augmentation du nombre de contribuables assujettis à l'ISF.

Je n'ai pas parlé de l'euro pour rien, puisque l'Europe est la pierre d'achoppement chez les socialistes. Mais que pèse la famille du non au TCE au PS ? Combien se sont ralliés au non par opportunisme, comme l'attestent leurs ralliements au camp Royal quelques mois plus tard ? Comment voulez-vous que les gens sincères s'y retrouvent là-dedans ?

Le PS s'interroge sur ses fondamentaux ? Il y a fort à parier que c'est pour abandonner davantage encore sa substance historique. Vous savez très bien que les courants droitiers tiennent ce parti. Et pourquoi ceux qui souffrent de la faim feraient-ils confiance à un parti dirigé par des gens qui paient l'impôt sur la fortune ?

Bien à vous.

Écrit par : bombix | 24 mai 2008

Cher Bombix,
Merci : vous me redonneriez presque le goût du débat politique dont j'avoue qu'il s'était un peu émoussé depuis deux mois !
Le projet de déclaration de principes du PS n'est pas sans importance, dans ce parti qui effectivement flotte depuis plusieurs années, voire depuis plusieurs décennies. Les quelques éléments que j'ai repris sont ceux qui disent, avec vigueur, la révolte des gens de gauche face à la réalité et leur engagement à "aller vers l'idéal" : c'est toujours mieux que cette injonction à "être réaliste" et à suivre les sondages, et tant pis si on ne gagne pas toujours sur cette ligne-là, non plus.

Le projet de déclaration tente, avec plus ou moins d'efficacité, de donner une définition de ce que pourrait être une "économie sociale et écologique de marché", "une économie régulée par la puissance publique ainsi que par les partenaires sociaux." Il rappelle que "le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public, des services publics de qualité, un tiers secteur d'économie sociale. Les socialistes affirment que certains domaines de l'activité ne peuvent relever du fonctionnement du marché quand ils concernent des droits essentiels (...). " On retrouve deux articles plus loin l'engagement à "réactualiser (...) l'Etat social, qui permet aux réponses collectives de satisfaire les besoins individuels dans leur diversité." Cet Etat "privilégie l'investissement productif au détriment de la rente", "assure une protection contre les risques sociaux", "repose sur une redistribution assumée", garantit la sécurité des personnes et des biens, régule le marché, "investit et émancipe en privilégiant l'éducation, la recherche, l'innovation et la culture".

Avec les positions prises sur le développement durable et la nécessaire régulation de l'économie dans le respect d'un usage responsable des ressources, il y a là une affirmation que tout ne peut relever du champ du marché et la volonté de redonner vigueur à l'intervention publique. C'est revenir à la substance historique du PS, en actualisant l'analyse pour, en particulier, donner toute sa place à la réflexion sur le développement durable et même -petite révolution interne- sur ce qu'est la richesse.

Notre évidente faiblesse c'est que les expériences social-démocrates des vingt dernières années en Europe ont toutes été, à la fois trop frileuses et trop coûteuses dans la mesure où elles ont, au mieux, freiné la concentration toujours plus grande des richesses, sans réussir à inverser le mouvement. Et c'est sur le constat et la critique de cette évidente faiblesse que me semble avoir été bâti ce projet de déclaration de principe, qui réaffirme avec plus d'ambition la place de la politique dans la régulation de l'économie.

L'engagement européen des socialistes venait de la conviction qu'on ne pouvait lutter contre la financiarisation au niveau mondial à l'échelle d'un seul pays : ce constat demeure, seulement aggravé par l'évidence que ce n'est pas non plus à l'échelle européenne que cela pourra se faire. Et comme il y a peu de chances que les capitalismes des pays émergents ne fassent oeuvre de philanthropie vis-à-vis des vieux salariés de la vieille Europe, ce n'est pas gagné non plus par "l'internationalisme" qui s'organise bien plus efficacement chez les riches que chez les pauvres.

Il y a toujours, au PS, - j'en suis - des personnes qui pensent qu'il ne faut pas laisser le PS aux "courants droitiers" (expression que je désapprouve car elle me paraît insultante pour des gens qui sont pour la plupart des militants sincères). Ces derniers temps, on a plutôt eu raison de rester : les plus droitiers sont partis chez Sarkozy. Mais c'est un débat permanent.

Bien à vous.

Écrit par : Irène Félix | 26 mai 2008

Comment dans un espace local comme le notre fort de richesses agricoles, des cas de malnutrition peuvent ils exister ?
N'y a t il pas pour ces personnes par le biais d'organisations locales, existantes ou à créer, le moyen de mettre en liaison des producteurs et des consommateurs ?
Et de réfléchir à un moyen de valoriser l'échange qui puisse ne pas dépendre de la finance ?
La période qui touche a sa fin nous a fait croire que tout passait par l'argent et la finance. J'ai la faiblesse de croire que les échanges humains sont beaucoup plus que cela.
J'ai aussi conscience que la solution que j'appelle de mes voeux n'aura d'impact fort que d'ici quelques mois ou un an, le temps de la culture et/ou de l'élevage et de la récolte. Mais le Berry a tout ce qu'il faut pour faire face aux besoins primaires de sa population. A elle d'oeuvrer et non d'attendre d'une puissance publique ou d'un financier que les réponses tombent toutes prêtes.

Écrit par : egdltp | 27 mai 2008

S'ils ne sont pas droitiers, ces courants ne sont pas franchement transformateurs ni réformateurs...
Effectivement la question du retour "aux fondammentaux" se pose. Se pose peut être plus encore l'existence d'une alternative économique, qui permette aux représentants élus d'avoir une véritable latitude pour réguler ce "marché".
Comme le dit "bombix" les oubliés de la fracture sociale ne se rendent plus aux urnes.
Il faut donc déja commencer par offrir à ces gens de véritables perspectives d'existence, de projets humains. Cela passe forcément et avant tous les autres débats, par la réécriture d'un projet de société qui se donne les moyens économiques de ces intentions.Tout le reste est littérature...
L'autre question qui reste entière c'est, par quelle forme politique cela passe t'il aujourd'hui ?
En tout cas l'échec de la social démocratie européenne, de France, d'Italie et d'Angleterre, nous oblige...
La remise en cause sans précédent de toutes les valeurs de solidarité, les attaques en règles de l'ensemble des acquis sociaux, le labourage idéologique sur les nouvelles valeurs de l'individu et de l'entreprise, l'égémonie de la volonté de Bruxelles, donnent sans doute également à nos générations une responsabilité historique particulière quant à la définition de ce projet. Il ne peut pas être sacrifié sur l'autel des ambitions personnelles. Sauf à faire de nous, les parvenus de l'Histoire.

Écrit par : Pascal Goudy | 28 mai 2008

Bonjour Irène, et merci pour votre longue réponse.

En dépit des apparences, internet n'est pas l'endroit adéquat pour entamer ce genre de dialogue. Je répondrai donc à votre intervention en faisant « un pas de côté ». Je veux dire par là que je ne rentrerai pas dans le détail de votre argumentation, mais que j'interrogerai simplement les mots que vous utilisez, qui sont d'ailleurs les mots précis qui sont proposés à la réflexion des socialistes. Vous dites : « Le projet de déclaration tente, avec plus ou moins d'efficacité, de donner une définition de ce que pourrait être une "économie sociale et écologique de marché", "une économie régulée par la puissance publique ainsi que par les partenaires sociaux." Il rappelle que "le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public, des services publics de qualité, un tiers secteur d'économie sociale. »

Mais d'abord un petit détour.

Ce qui est nommé ici « l'économie de marché » n'est rien d'autre que l'ancien capitalisme, habillé de mots qui font moins peur. Quand le capitalisme devient « économie de marché », le projet socialiste devient une « économie sociale et écologique de marché » L'ancienne « lutte des classes » se transforme en « régulation par les partenaires sociaux». Tout cela semble bien alléchant, car l'idée même de conflit semble s'être éloignée et comme dissoute. Paradoxe saisissant dans un monde où le capitalisme mondialisé étend partout son emprise et allume ses feux de destruction et de mort : je ne vais pas vous faire la longue liste des fronts ouverts, de l'Irak à l'Afrique, de l'ancienne russie à la Chine qui s'éveille, laquelle nous fait la démonstration que l'ancien totalitarisme communiste a su parfaitement s'adapter aux règles du jeu capitaliste. Il est, avec assez d'ironie, le meilleur élève de la classe. Comment penser tout cela ? Comment penser tout cela alors que nos vieux repères de mots et de concepts sont bouleversés ?

Il y a des gens qui s'attellent à cette tâche. Comme je découvrais votre réponse, presque par hasard et en même temps, j'ai entendu sur France Culture la canadienne Naomi Klein présenter son dernier livre *La stratégie du choc : la montée d'un capitalisme du désastre*. Vous voyez que nous sommes bien loin d'un discours tranquillisant. Au contraire. Naomi Klein décrit une tendance dure du capitalisme actuel qui consiste à provoquer des crises graves, voire mettre certains pays ou régions en état de choc afin de pouvoir trouver de nouveaux débouchés pour l'économie de marché. Noami Klein souligne par exemple que, après le passage du cyclone Katrina qui dévasta la Louisiane, l'Etat fédéral américain a été singulièrement absent lors de la reconstruction ; les tenants de l'ultra-libéralisme en ont profité pour mettre en place une stratégie de privatisation généralisée, en particulier pour l'éducation. Qu'est ce que nous rappelle ici Naomi Klein ? Tout simplement cette vérité qui semble oubliée : le capitalisme obéit à un /conatus/, une volonté de puissance sans borne. Le livre semble passionnant, je l'ai commandé. Je tiens à faire remarquer une chose : il n'est pas écrit par une *théoricienne*, mais par une *journaliste*, qui se rend sur le terrain, et qui décrit des faits. Je vous mets en fin de message le lien vers l'émission pour que vous puissiez l'écouter, car outre la thèse présentée dans le livre, on assiste en direct à un conflit non pas d'idées, mais au conflit qui oppose un idéologue à un observateur (en l'occurrence une observatrice). L'idéologue, c'est Alain-Gérard Slama, pourtant fine lame intellectuelle. Qu'oppose-t-il à Naomi Klein ? Nous pas la réalité du capitalisme, mais la théorie du libéralisme ! Au capitalisme *tel qu'il est*, il oppose le capitalisme *tel qu'il devrait être*, si les libéraux avaient raison. C'est merveilleux. Il y a un passage délicieux où l'espiègle canadienne le compare à un trotskiste ; non pas quant au contenu de son discours, mais parce que le type de défense est le même. Lorsque en effet, dans les années 60, on objectait aux marxistes puritains la réalité vécue du socialisme réel en Union Soviétique, ils opposaient les tables de la Loi telles qu'ils les lisaient dans les écrits de Marx, Lénine, et Trotski. Même tactique chez Slama, et donc même cécité. Il reconnaît bien la catastrophe (comment la nier quand le constat est si précis et si serré ?) mais il rétorque : cela ne devrait pas être. Bon connaisseur des théoriciens libéraux, en particulier de F. Hayek, l'idée même que le capitalisme puisse progresser en provoquant des crises, lui semble tout à fait énorme et inconcevable ! Hayek ne nie-t-il pas l'idée même de table rase et le constructivisme qui lui est associé ? C'est l'un des centres de la doctrine. Eh ! Il faut simplement constater, pour lever le paradoxe, que le libéralisme de Hayek est une théorie. Et que la réalité du capitalisme, dans sa phase actuelle de développement, n'obéit pas à cette théorie. Le capitalisme se moque éperdument de Hayek, ce qu'Alain Gérard Slama n'est pas capable de réaliser. Des révisions déchirantes s'en suivraient sans doute ...

Nous nous sommes bien éloignés de notre sujet et de ce problème de mots, par lequel je souhaitais faire « ce pas de côté », pour faire progresser le débat et la réflexion sur ce qui anime en ce moment le Parti Socialiste français. Et finalement, tous les partis progressistes occidentaux qui ont cédé aux sirènes du marché.

Non pas.

Si Slama peut opposer le libéralisme tel qu'il devrait être au capitalisme tel qu'il est, au nom même du libéralisme, il est de bonne méthode d'éviter d'employer ce mot qui risque fort d'embrouiller les choses plutôt que de les éclaircir. Laissons cela aux bateleurs qui amusent la galerie. Derrière le rideau de fumée que produit le mot « libéral », s'avancent des politiciens comme Delanoë ou Royal, qui, a défaut de faire progresser le débat et la réflexion, font progresser leurs lignes et leurs troupes dans la course au pouvoir.

Interrogée sur le mot adéquat qu'il conviendrait d'utiliser pour désigner la réalité du capitalisme contemporain, Naomi Klein retrouve le mot de « corporatisme », dont elle va chercher des ramifications ... dans la pensée politique élaborée par Mussolini ! Par là se révèle assez adéquatement la nature du bushisme. Mais au fait, qu'est-ce que c'est le corporatisme ? C'est la coalition des possédants, des politiques et des appareils syndicaux contre les travailleurs et les pauvres. C’est une caractérisation parfaite de la situation actuelle. Pensons à la séquence historique du début des années 80. À la conversion du PS en 1983, à la conversion de la CFDT un peu plus tôt. À la conversion tardive aujourd'hui de la CGT. La dernière déclaration de principe du PS que vous citez : *régulation de l’économie par les « partenaires sociaux » avec un « secteur privé fort »*, c’est tout simplement le corporatisme …

Vous voyez qu'il n'est pas indifférent de parler de *classes sociales antagonistes*, ou de *partenariat social*. Vous voyez que les mots sont importants. ;-) Je vous recommande le très beau passage ou Naomi Klein explique sa difficulté de mettre un mot sur la chose. Voilà bien l'essentiel, non ?

Pour finir, le problème du réformisme, c'est le problème du poids réel de la puissance publique comme puissance de régulation face au conatus et aux appétits prédateurs du capitalisme et à sa volonté de puissance sans limite. On sent bien que son destin se noue autour de l'idée républicaine. La république à la française. La république sociale. La France a résisté (et résiste encore) au rouleau compresseur du néo-libéralisme qui a si bien réussi dans les pays anglo-saxons. Et notons que ce qui résiste chez nous (mais pour combien de temps encore, avec la catastrophe de l'élection de Sarkozy l'américain) c'est un état d'esprit. Comme toujours, c'est l'esprit qui résiste. Et comme toujours, c'est là qu'il faut attaquer.

D'où les attaques contre l'éducation et l'école républicaine, chez nous. Et à cet égard, je suis désolé de vous le rappeler, le parti auquel vous appartenez porte une responsabilité non négligeable.

Bien à vous,

Lien vers l'émission de France Culture. Pour les lecteurs de ce message que cela intéresse, je ferai un montage qui rassemble les interventions de Naomi Klein et des différents intervenants, au format mp3, que je mettrai en lien sur mon blog.

http://www.radiofra nce.fr/chaines/ france-culture2/ emissions/ matins/fiche. php?diffusion_ id=63142& PHPSESSID= d4b35add51a0c33b a5d4a2464aa1dc4d


Présentation de l'émission : Les Matins accueillent aujourd'hui la canadienne Naomi Klein. Elle fait partie des penseurs les plus influents sur la scène intellectuelle internationale. On se souvient de son livre No logo qui avait fait beaucoup de bruit en 2000 : elle décrivait le nouveau système économique mondial à travers le marketing des multinationales. Un système qui réduisait violemment l'espace public et le bien commun au profit des entreprises privées.
Naomi Klein publie La stratégie du choc chez Actes Sud. C'est une réflexion passionnante sur les grandes crises internationales : guerres, catastrophes naturelles, attaques terroristes, et surtout ceux à qui elles profitent.

Écrit par : bombix | 31 mai 2008

Bien sûr qu'on a raison de se méfier des mots : de ceux qu'on invente pour éviter d'utiliser ceux quifont peur ; ou de ceux que l'on emprunte à l'adversaire pour les vider de leur contenu idéologique (la droite excelle dans cet exercice de vider de sens politique les "mots" (donc les concepts, les valeurs) de gauche.

Est-ce que et comment une "économie sociale et écologique de marché peut devenir autre chose qu'un capitalisme débridé : c'est tout l'enjeu du socialisme démocratique. Déplacer les lignes de pouvoir pour imposer une répartition des richesses qui réduise les inégalités sans pour autant sombrer dans la dictature. Je crois, effectivement, que cela se gagne sur la bataille des idées.

Et là, franchement, la gauche n'est sûrement pas parfaite mais vous êtes injuste de renvoyer dos à dos la droite et la gauche en matière de poltique éducative. Je ne suis pas une spécialiste, mais je sais qu'en matière d'évolution de personnel (enseignant et non enseignant) ce n'était pas la même chose !

Écrit par : Irène Félix | 03 juin 2008

La question de l'école n'est pas seulement un problème quantitatif concernant le nombre des personnels. Évidemment, je constate comme vous que les choses empirent encore, et que la droite actuelle fait un vrai travail de sape en opérant des coupes claires parmi les fonctionnaires de l'éducation nationale. Il faut combattre et dénoncer cette politique.

Je parlais d'autre chose. De la dégradation de la mobilité sociale après la massification, de la baisse du niveau scolaire et plus généralement, de *l'exigence culturelle dans notre société*, de la dévaluation des diplômes. Auparavant, on tenait pour réactionnaires les gens qui tenaient ce discours. Aujourd'hui, on commence à tirer la sonnette d'alarme, même à gauche. Et chacun peut constater que ce mouvement de dégradation s'est amplifié dans la période ou la gauche était au pouvoir en France. On pourrait remplir des bibliothèques sur le sujet. Je mets en lien un article paru sur le site de l'UFAL. Il résume assez bien les choses. On trouve plus réac comme référence...

http://www.ufal.info/media_ecole/,article,58,,,,,_La-lecon-des-neo-liberaux-comment-ruiner-l-ecole-publique.htm

Une gauche exigeante doit mettre ces questions au coeur de sa réflexion. Une gauche qui veut rester à gauche. Le veut-elle ?

Mais nous sommes peut-être maintenant hors-sujet. Quoique ...

Cordial.

Écrit par : bombix | 05 juin 2008

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