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30 mars 2010

Conseil Général, point d'étape sur le schéma de l'enfance

Lors de la session de lundi dernier, il avait été souhaité qu'un point soit fait sur l'état d'avancement du schéma départemental de l'enfance. Cela nécessite de revenir sur les raisons des orientations prises pour ce schéma, de faire l'état des réalisations et de tenter d'en mesurer les effets.

 

1 - les orientations

Lorsque l'Assemblée déparmentale s'est penchée sur le schéma, en 2004, elle avait face à elle 6 constats :

- un nombre d'enfants pris en charge par l'aide sociale à l'enfance qui recommençait à monter, malgré la baisse démographique ;

- des délais d'attente considérables pour la prise en charge des enfants repérés comme en situation difficile sur le plan éducatif ;

- la faiblesse des politiques de prévention et la timidité des partenariats ;

- un Centre départemental de l'enfance et de la famille en crise profonde, ne remplissant plus le rôle qu'on pouvait attendre d'un service public c'est à dire l'accueil des mères et des enfants les plus en difficulté et en souffrance ;

- des solutions d'accueil développées essentiellement auprès d'assistants familiaux alors peu rémunérés et sans service de soutien clairement dédié ;

- une place et une valorisation des familles qui méritait d'être revisitée, tant au CDEF que dans les suivis proposés par nos partenaires en aide éducative en milieu ouvert.

 

Le schéma, présenté en mars 2005, adopté alors à l'unanimité, s'attelait à relever ces défis autour de 3 axes : la prévention, la protection, la mise en place d'outils pour les professionnels. Il a été accompagné d'une politique plus globale de prise en compte de l'enfance et de l'adolescence avec :


une politique renforcée de protection maternelle et infantile ; une réflexion de fond sur les métiers des travailleurs sociaux, débouchant sur les maisons des solidarités. Ces services plus proches des familles et des partenaires de terrain, portent des actions de développement éducatif sur les territoires ; des soutiens financiers renforcés auprès des associations qui oeuvrent en soutien à la parentalité ; et le foisonnement de politiques départementales éducatives, sportives et culturelles complémentaires, notamment en direction des collégiens et des jeunes ruraux.

 

Il faut rappeler que les politiques en faveur de l'enfance mobilisent l'équivalent de 680 agents à temps plein et financent plus de 50 psotes complémentaires chez nos partenaires. Ce sont aussi des politiques "employeuses".

 

2 - les réalisations

dans le champ de la prévention :

- la plate-forme d'écoute téléphonique, le FIL (0 800 40 18 18)

- le réseau parentalité réactivé avec la CAF, avec augmentation des soutiens à l'accueil parents-enfants de Vierzon, une contribution au financement d'une école des parents à Bourges, le développement (de 116 places à 204 places) des crèches associatives, principalement en milieu rural, le soutien d'initiatives innovantes comme une ludothèque itinérante ou des relais assistants familiaux et parents. 1322 personnes (moitié enfants moitié parents) ont participé aux journées "jouons ensemble" à travers le Cher à l'automne dernier. Enfin, en s'appuyant sur les compétences des agents du Conseil Général, des consultations de systémie familiale fonctionnent à Vierzon et seront bientôt proposées sur Bourges.

- les délais pour la prise en charge des aides éducatives ont baissé de 8 mois à 3 mois ... pour remonter à 5 mois en raison d'un nouveau désengagement de l'Etat (PJJ). Pour cela, nous avons dû aider à la création de 6 postes, bientôt 7, chez notre partenaire. Cela étant, le budget prévention dans le Cher reste inférieur à la moyenne de la strate ... c'est dire s'il était bas !

- pour les grands adolescents et jeunes majeurs, le Pass'âge a ouvert à St Florent, un éducateur spécialisé travaille sur St Germain, des renforts ont été apportés dans les Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale et à Cher Accueil pour une prise en charge adaptée aux jeunes errants, un financement de psychologue est assuré à la Mission Locale.

 

 dans le champ de la protection :

- nous avons assuré la remise en marche du Centre départemental de l'Enfance et de la Famille, grâce à l'implication de la directrice et des équipes.

- le projet d'ouverture d'une unité pour adolescents difficiles (UNADO) est en cours de concrétisation : il assurera une meilleure prise en charge des jeunes et donc une meilleure qualité et sécurité de travail pour les agents ;

- de nouvelles façons d'intervenir dans les familles sont en cours d'élaboration pour imaginer des solutions avec moins de ruptures entre enfant et famille. La solution actuelle du placement dominant chez les assistants familiaux peut en effet paraître sécurisante et "confortable" pour des enfants jeunes mais peut conduire à des ruptures difficiles à maîtriser à l'adolescence et à des placements qui se prolongent douloureusement. C'est à la fois discutables pour les jeunes et coûteux à terme pour la collectivité.

- un pôle d'appui aux assistants familiaux s'est mis en place et assure à la fois la formation et le soutien à ces professionnels désormais reconnus à la fois financièrement et professionnellement.

du côté des outils :

- le guide du signalement a été conçu. Sa diffusion en 1140 exemplaires a été assurée au cours de 33 réunions pour en expliquer l'utilisation.

- une cellule pour les informations préoccupantes est en place ;

- enfin, et c'est le seul regret pour moi, l'observatoire de l'action sociale initialement prévu n'a pas vu le jour. Je pense que ce choix n'a pas été judicieux tant il serait utile d'avoir des éclairages tant statistiques que sociologiques pour nourrir les politiques publiques.  

 

3 - Quels effets ?

Il est difficile de mesurer les effets de la mise en place de ces actions, dont les bénéfices se mesurent surtout à moyen et long terme. Ce que l'on peut dire aujourd'hui c'est que le nombre d'enfants pris en charge reste stable. Le taux d'enfants suivis (13 pour 1000 jeunes de 0 à 19 ans) est toujours largement supérieur au taux de prise en charge dans les départements de taille comparable (autour de 9 pour 1000), le plus souvent des départements semi-ruraux tels que le Cher. En l'absence d'observatoire, ce constat est difficile à analyser :

- est-ce l'effet de la précarité ? mais les habitants du Cher ont des revenus comparables à ceux des départements de même taille ;

- est-ce l'effet de la monoparentalité qui, associé à la précarité économique, est un facteur de fragilité des familles ? mais cela concerne la même proportion de familles dnas le Cher que dans les départements de la strate ;

- est- ce une perte des solidarités familiales ? plus dans le Cher qu'ailleurs ? je ne le crois pas

- est-ce l'effet des modes de placement qui ne s'appuient pas assez sur les familles ? peut-être

- est-ce l'effet de l'insuffisance et du retard des mesures de prévention ? peut-être bien

- est-ce l'effet de l'immense déficit et retard des politiques péri-éducatives et culturelles, de responsabilité communale et intercommunales, que le volontarisme départemental ne peut suffire à combler ? assez sûrement aussi.

Pour la conception du prochain schéma, j'ai retenu quelques pistes de réflexion :

- ré-interroger les modes de placement (c'est en cours) et insister sur la prise en compte de l'usager-citoyen, même s'il est parent déficient ;

- s'inscrire dans les évolutions familiales, en particulier la monoparentalité, non pas en cherchant à lutter contre ou à stigmatiser, mais en élaborant, avec les familles concernées, des réponses sociales à leurs besoins spécifiques : accueils collectifs ? lieux coopératifs ? co-parentalités nouvelles ?... sans oublier les pères

- faire le point avec les nécessaires prises en charge médico-sociales des Centre d'Accueil Médico-Sociaux Précoces (CAMSP) et Centre Médico-Psycho-Pédagogiques (CMPP) qui suivent des enfants en retard ou légèrement déficients et dont les délais d'attente sont facteurs de risques accentués pour les enfants concernés, eux-mêmes générateurs de difficultés complémentaires pour les familles ; c'est une responsabilité de l'Etat ;

- intégrer dans le schéma les politiques de protection maternelle et infantile, notamment en association avec le Centre d'Education et de Planification Familiale, en particulier pour la prévention des grossesses précoces et le développement des liens mères-pères-enfants, sans culpabiliser les femmes ni revenir sur leur émancipation ;

- diffuser une "culture des politiques éducatives" dans tous les milieux et en particulier auprès des élus communaux et intercommunaux ;

- évaluer d'un regard neuf le travail de nos partenaires.

 

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