05 mai 2008
Délabrement
Avec le groupe d'opposition de la gauche unie au Conseil Municipal, nous avons décidé de reprendre ensemble la parole pour être fidèles à notre combat et utiles aux habitants de la ville.
Utiles, nous ne pensions pas l'être aussi concrètement !
Nous avions décidé de montrer dans quelles conditions de délabrement et d'abandon vivent un certain nombre de personnes dans les immeubles promis à la démolition sans échéance certaine. Immeubles aux trois quart vides, personnes vivant seules ou à deux dans un cage d'escalier, poussière accumulée, boîtes aux lettre forcées, portes murées sur les paliers... A titre d'exemple, nous avions choisi la rue Georges Claude où les immeubles pleurent la misère et la rue Jean Perrin où l'abandon s'inscrit avec violence sur le bâtiment.
La Nouvelle République, soucieuse de donner la parole à tous, avait téléphoné dans la journée à l'OPAC en citant ces deux rues. Rue Georges Claude, cela m'a paru un peu plus propre que d'habitude bien que pas moins abandonné. Rue Jean Perrin, cela frisait le gag : l'escalier avait été lessivé à grande eau - on "baignait" encore entre le rez-de-chaussée et le premier étage ! - et inondé de "sent bon" qui avait manifestement pour vocation de dominer les odeurs d'urine. Les paliers étaient nettoyés ... comme jamais depuis des années probablement.
Pourtant, cela ne trompait personne : les restes d'un matelas brûlé étaient rassemblés sur un pallier, les plafonniers, ceux qui marchaient, ne laissaient qu'une lumière blafarde, les murs étaient marqués par l'incendie qui avait dû avoir lieu il y a bien longtemps.
Nous avons donc proposé aux journalistes de continuer la visite par une rue "non annoncée" à l'avance : notre dévolu a porté sur la rue Louis Lumière, que je savais aussi en piteux état. Portes forcées pour squatter des appartements, caves grandes ouvertes, vitres non réparées, salissures : les derniers locataires, rencontrés en bas d'immeuble, attendent des propositions de relogement acceptables pour eux, c'est à dire leur permettant de conserver une vie familiale (accueil des petits-enfants, par exemple) et d'améliorer leur cadre de vie ... à des prix supportables par eux. Certains attendent toujours.
Nous ne nions pas la nécessité de renouveler une partie du parc même si un peu de discernement ne nuirait pas. Nous savons bien que reloger les personnes prend du temps. Mais nous ne pouvons accepter une situation d'entre-deux qui dure depuis déjà deux à trois ans et durera encore un à deux ans pour certains. Cinq ans à entrer et sortir tous les jours d'un immeuble quasi abandonné, c'est humainement inacceptable.
La dignité des personnes, c'est de pouvoir inviter chez soi sans avoir honte : certains ne le font plus.
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