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29 mai 2006

Devoirs de vérité

Contrairement à ce que pourrait suggérer la note précédente, je n'ai pas passé mon week end uniquement à m'ennivrer du parfum des roses. J'ai lu le livre de François Hollande, "Devoirs de vérité", écrit en dialogue avec Edwy Plenel.

François Hollande veut paraître raisonnable : le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y réussi, trop peut-être. Plenel l'interpelle sur ses révoltes : elles semblent se limiter à la frustration de ne pas exercer le pouvoir, frustration née dans les années 70, dans une France où la droite l'avait confisqué (p.80) ; sur son sens du "tragique" (p.56) : il n'en revendique pas. Et pourtant les plus belles pages du livre sont celles où il évoque la tragédie de Courrières (mille morts dans la mine en 1906), les luttes qu'elle a nourri, les conquêtes permises par ces luttes (p.180-181).

Ce livre m'a paru plus une réflexion sur le pouvoir et la méthode d'exercice du pouvoir, sur la démocratie, que sur la gauche. Il faut d'ailleurs avoir parcouru 230 pages pour que soit esquissé par touches ce que pourrait être un programme pour la gauche dans ses dimensions économiques, sociales et environnementales. Je reste perplexe face un projet qui dirait d'abord qu'il faut "présider autrement" : de mémoire, ça n'a pas marché !!


Ce qui rend Hollande sympathique : son attachement au parti. Il insiste sur l'unité des socialistes : c'est son rôle on ne lui reprochera pas.

Ce que j'ai trouvé nouveau et intéressant ? Essentiellement deux choses. D'abord, une analyse lucide des "nouveaux riches", cette oligarchie issue de la haute fonction publique, nommée par les pouvoirs publics - donc au nom des Français - à la tête des groupes capitalistes français et dictant désormais sa loi à ceux qui les ont nommés (p. 158 et suivantes puis à nouveau p. 202). Ensuite, une analyse sur l'économie du pétrole (p. 270 et suivantes).

Il y a aussi des points avec lesquels je ne suis pas d'accord. Par exemple, sur la question qu'il est désormais convenu d'appeler celle des "minorités visibles", je ne crois pas que la promotion de quelques élites soit une réponse à la question posée qui reste une question sociale. Je ne suis pas non plus d'accord avec le fait de "limiter les compétences de l'Etat à l'essentiel" en proposant une nouvelle étape de la décentralisation (p. 162). Mais surtout, je ne considère pas qu'en politique "seul le résultat compte" et qu'il est donc anodin de confier des missions de service public au public ou au privé (à propos du placement des chômeurs p. 250 et sur les politiques d'accueil de l'enfance p.254). C'est typiquement ce que dit la droite, c'est typiquement ce que défend une majorité en Europe. Or la façon dont les choses se font concourt au "résultat" c'est à dire au type de société et au partage de la richesse qu'elle induit.

Il y a encore de quoi débattre pour notre projet !

Commentaires

Je l'ai vu hier soir présenter le projet à la télé. Pour ce qui est de ce fameux projet, on peut dire qu'il n'y a rien de transcendant et qu'au fond il est assez à l'image de Hollande(heureusement que L. Fabius et NPS ont réussi à faire rentrer un peu plus de matière mais ce n'est toujours pas ça qu'il faudrait). Je pense que cet homme aura été le plus imcompétent de nos premiers sécrétaires (c'est le 7ème si j'ai bien compté). C'est à dire qu'en période d'opposition, le 1er secrétaire doit être non seulement le chef de l'opposition mais surtout s'imposer rapidement comme le prochain candidat "naturel" à l'élection présidentielle suivante. Hollande n'aura tiré aucun profit pour le parti des 4 années qui viennent de passer. Il a laissé pourrir les choses. S'agissant du fond politique d'Hollande, il est dans la ligne directe des "rocardiens". Ces gens ne sont pas condamnables, ils ont du coeur et de réels convictions contre les injustices mais ce qui est dommage, c'est qu'ils se trompent de pays et donc de modèle politique. Ces gens auraient été très heureux et bien employés dans des pays tels que la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'italie, c'est à dire des pays où l'on ne fait pas de politique(sociale démocratie) ou alors à droite. Ils n'ont pas compris qu'en France, soulagement pour le reste de l'humanité, il peut arriver un 21 avril comme un 29 mai et que notre culture politique ne peut pas se satisfaire "de la fin des idéologies". Ces gens sont très bien dans la haute fonction publique mais, de grâce, qu'ils arrêtent la politique.

Écrit par : Roger | 09 juin 2006

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