10 décembre 2006
Associations
Témoignage un peu alarmé d'un ami, responsable associatif dans une associations d'aide aux personnes : invité à une réunion d'information à Paris sur le financement des associations, il se voit proposer, moyennant finances, l'aide d'une société spécialisée dans la recherche de financements pour les associations. C'est la double conséquence de la défausse du service public sur l'action associative puis du glissement progressif des dispositifs solidaires vers le mécénat, en quelque sorte la charité.
Payer des impôts est devenu insupportable aux riches. Mais se sentir grand et généreux donateur d'une noble cause est très tendance. A bas l'impôt, vive le mécénat ! Mais qui sera mécène de l'association d'aide aux aînés du Boischaut du Cher ? qui sera mécène de la santé des étrangers ? qui assurera le logement des sans-logis ? Qui financera la recherche médicale sur le paludisme ... ou l'obésité, des maladies de pauvres de là-bas ou d'ici. Qui dira si une recherche doit ou non être faite (voir le Téléthon) ?
Accepter la mise en commun d'une part de nos richesses, c'est accepter que soit pris en compte l'intérêt de ceux qu'on ne voit pas. C'est plus généreux que de s'exhiber comme donateur. C'est de gauche !
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Commentaires
Oui, la pratique de la charité (organisée) et du mécénat sont fort à la mode ces temps-ci. Les "bonnes oeuvres" occupent le devant de la scène, que ce soit sous la forme de la très populaire "opération pièces jaunes" ou encore d'événements très médiatiques comme le teléthon. Les restos du coeur, depuis 20 ans correspondent à l'action la plus "visible" contre les difficultés croissantes que rencontrent certaines personnes pour se nourrir correctement. Il ne s'agit pas de stigmatiser ces opérations très populaires, pour lesquelles de nombreux bénévoles s'investissent la plupart du temps avec une réelle générosité (même si certains, qui ne sont pas les bénévoles de la base, utilisent à des fins publicitaires une générosité trop ostentatoire pour être honnête), mais de se demander s'il est sain de nous habituer à ce que l'Etat ou les différentes collectivités n'assurent plus de fonction de redistribution, de solidarité. Nous ne saurions nous contenter , aujourd'hui, en France, de concevoir la solidarité comme la charité des bourgeois du XIXème qui consistait à donner une fois par semaine une petite pièce à "ses" mendiants, à la sortie de l'Eglise, et à se donner bonne conscience avec quelques opérations de dame patronnesse dans l'année !
Sur la question de l'impôt : voilà un point majeur sur lequel la différence entre les ultra- libéraux et les socialistes doit pouvoir s'exprimer avec clarté. Non, l'impôt, ce n'est pas, comme la droite voudrait le laisser penser, un élément d'appauvrissement des classes populaires ou moyennes, si en parallèle on s'attaque au problème du pouvoir d'achat et du coût de la vie. Un impôt juste est la condition pour qu'existe une société juste.
Écrit par : Pierre Dedet | 10 décembre 2006
Tout à fait. Être de gauche et tout simpement être républicain. Comme disait Albert Camus : "Je hais la charité car elle retarde la justice." La solidarité doit être inscrite dans la loi, elle n'est pas une affaire privée.
Écrit par : bombix | 11 décembre 2006
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