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02 janvier 2007

Peine de mort

Saddam Hussein a été pendu. Bien sûr, cet homme violent et barbare n'attirait aucune sympathie. Il n'empêche : quelles qu'en soient les circonstances, je ne supporte pas l'idée de la peine de mort, cette acte froidement accompli qui consiste à tuer, à l'heure dite, un homme. Je rejoins Robert Badinter pour son inlassable combat pour l'abolition de la peine de mort. Comme lui, je veux croire que cette pratique sera un jour abolie sur toute la surface du globe.

Commentaires

L'exécution de Saddam Hussein pose d'autres problèmes : parodie de justice, droits de la défense bafoués, avocats assassinés. A quoi s'ajoute l'indignité de la mise en scène de son exécution, ce film pirate ignoble qui tient du voyeurisme le plus abject.La date choisie n'est pas non plus anodine, puisque cette mort est intervenue pendant l'une des fêtes les plus importantes du monde musulman, l'Aïd-el-Kebir. Mais surtout, avec cette mort, s'éteind la possibilité pour les victimes Kurdes de 88 et Chiites de 91 que soit jamais rendue la justice pour les crimes contre l'humanité dont l'ancien dictateur s'est rendu coupable. Bush a parlé d'une étape vers le rétablissement de la démocratie ; de qui se moque-t-on ?
La démocratie, c'est l'état de droit respecté. Or force est de reconnaître que le droit passait après bien d'autres intérêts.
C'est une occasion manquée; et personne ne croira que les US n'ont pas leur part de responsabilité dans la manière dont les choses se sont passées. Prouvant, une fois de plus, que sous couvert de démocratie, il veulent façonner un monde à leur botte, au mépris du droit des gens. On ne peut être que pessimiste sur l'avenir de ce pays martyrisé et sur toute la stabilité de la région. Le parti Baas a désormais le martyr qu'il attendait, et la folie de destruction et la guerre civile peuvent continuer leur oeuvre.

Écrit par : bombix | 03 janvier 2007

Le commentaire de Bombix contient, me semble-t-il, quelques approximations que je souhaite rectifier.
Afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, je voudrai préciser que je suis bien sûr contre la peine de mort ce qui m'oblige, le sujet étant particulièrement grave avec des conséquences considérables, à la plus grande précision dans l'argumentation contre cette peine.

D'abord, vous dites, parodie de justice, droit de la défense bafouée.
Il faut savoir qu'actuellement le système judiciaire d'un pays, quel qu'il soit, est étroitement lié au système politique mis en place dans ce même pays pour ne pas dire qu'il en est sous une certaine dépendance.

Ce n'est pas le cas du système policier par exemple, puisque Interpole est une organisation internationale de police pouvant intervenir dans tous les pays ayant adhérés à ses statuts.
Il n'y a pas encore d'équivalent judiciaire.
Par rapport à la justice sous Saddam Hussein vous conviendrez qu'il y a un progrès, les grandes règles de la procédure judiciaire habituellement utilisée dans les pays démocratiques ayant été respecté.

Avocats assassinés, c'est vrai et tout à fait grave, mais rien ne permet de mettre en cause le système judiciaire irakien sur ce point.
La responsabilité pourrait en revenir aux partisans de Hussein, trouvant que la défense n'était pas assez habile comme de ses adversaires souhaitant que l'homme ne soit pas défendu.

Quant à la date vous faites erreur. Bien que non musulman je connais ces fêtes. L'Aïd débute à l'aube et Hussein a été exécuté quelques heures avant l'aube(3h GMT).La différence est de taille pour un musulman et il ne peut y avoir confusion de ce point de vue.

Il est pour moi significatif que le tyran ait été condamné pour le meurtre de 128 villageois et je voudrai qu'il ait été pour un seul afin de montrer au monde entier qu'un dirigeant n'a pas droit de vie et de mort sur son peuple.

Puissent les dictateurs en exercice en prendre conscience.

On ne peut pas et on ne doit pas oublier les milliers de meurtres commis contre les Kurdes mais il y a là un problème politique de taille que le tribunal n'était pas en mesure d'appréhender dans sa globalité et qui ne relevait pas de sa compétence.

Et l'Irak restera de fait redevable de ces meurtres tant ce préjudice subit par les Kurdes n'aura pas été pris en compte.

L'intervention militaire des USA en Irak (avec le soutien de quelques pays) telle qu'elle a été effectuée est une faute, personne n'en doute maintenant et le pire est sans doute à venir.
Il me semble qu'il faut surtout admirer le courage des avocats et des juges et de tous les Irakiens qui ont contribué à ce qu'un vrai procès se tienne, et je n'ignore pas pour autant les rivalités religieuses.

Pour en finir, il me semble que ce débat qui n'en finit pas sur la peine de mort gagnerait à être posé plus précisément.

Du point de vue humanitaire la peine de mort doit être rejetée c'est une évidence. Mais ou commence l'humanitaire ou finit-il?

Du point de vue policier c'est une erreur puisque le condamné peut avoir commis d'autres crimes encore non découverts au moment de son exécution. Une confidence, des aveux tardifs ou une nouvelle procédure permettra peut-être d'éviter la condamnation d'un innocent ou pour des familles de connaitre la vérité sur la disparition d'un proche.

Du point de vue judiciaire, c'est une erreur car la Justice n'est pas infaillible, elle doit éviter au maximum l'irréparable.

Reste qu'en dehors de toute réparation, une peine ne vaut que par son caractère dissuasif.
Il faut dissuader les autres de commettre les méfaits conduisant à cette peine.
La peine de mort n'a aucun effet sur un truand qui tue pour voler ou sur l'auteur de crime sexuel car la conscience de la gravité de l'acte est quasi-absente ou bien au contraire c'est un moyen pour mourir. La solution n'est pas là.

Mais sur un dictateur dont l'ambition est la puissance et la gloire, conscient de la place qu'il laissera dans l'Histoire voire!
Si au moins cela pouvait en faire réfléchir quelques-uns et éviter quelques morts d'innocents.

Enfin ce qui m'importe vraiment c'est la peine de mort infligée à l'enfant innocent de 7 ou 8 ans ou plus ou moins par un homme détraqué, c'est la peine de mort infligée à une femme, souvent parce qu'elle est une femme, par ces même détraqués.

Il est vrai qu'en évitant la peine de mort aux coupables on finira peut-être par l'éviter aux innocents.

Écrit par : Gérard Coutant | 05 janvier 2007

Je n'ai pas tellement envie de polémiquer sur un sujet grave comme celui-ci. Néanmoins, détail pour détail, l'Aïd-el-Kebir commençait dimanche pour les chiites et samedi pour les sunnites. (source Le Monde 02.01.07). Il faut rappeler que l'Aid commémore le sacrifice d'Abraham. Que le thème du sacrifice est commun aux trois religions du Livre. Choisir ce jour est, que vous le vouliez ou non, une immense provocation pour le monde musulman. Peu importe l'heure.

D'autre part je mets en lien l'émission C dans l'air du 02 janvier dans laquelle vous pourrez écouter les analyses d'Antoine Sfeir des Cahiers de l'Orient, et de l'un des avocats de Saddam Hussein, Emmanuel Ludot.
Leurs remarques et analyses laissent songeur sur le nouvel état de droit en Irak.
Je réagissais au billet d'Irène Félix, parce qu'à mon avis, la question politique que soulève l'exécution de S.H. est à mes yeux infiniment plus importante que la question "pour ou contre la peine de mort" qui a été à nouveau soulevée à propos de la mort du dictateur.

Cordialement,

Emission C dans l'air du 02 janvier :

http://www.france5.fr/cdanslair/index.cfm

cliquer sur Bush et le fantôme de Saddam.

Écrit par : bombix | 05 janvier 2007

Je ne souhaite pas davantage polémiquer sur ce sujet.
La vidéo de l’émission C dans l'air du 02 janvier relatant les analyses d'Antoine Sfeir et de l'un des avocats de Saddam Hussein, est effectivement explicite sur les difficultés que traverse le système judiciaire irakien actuellement, au moins sur ce procès.(Remerciements au passage puisque je n’avais pas vu passer l’émission).
Cordialement.

Écrit par : Gérard Coutant | 07 janvier 2007

Dans votre commentaire, vous écrivez :
"Mais sur un dictateur dont l'ambition est la puissance et la gloire, conscient de la place qu'il laissera dans l'Histoire voire!
Si au moins cela pouvait en faire réfléchir quelques-uns et éviter quelques morts d'innocents. "

Que dire, dans ces conditions, de la portée historique des procès de Nurenberg, de Tokyo, de Jérusalem (jugeant Eichmann), ... ? Pouquoi le Rwanda, la Bosnie, la Tchétchénie si les exécutions de tyrans étaient exemplaires ?La mémoire est le seul instrument qui vaille contre l'irréparable, la vengeance n'est pas la justice. Hériger les bourreaux d'hier en "martyrs" de demain n'est jamais un gage de paix.

Écrit par : Lionel Jeanjeau | 08 janvier 2007

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