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09 janvier 2007

Droit au logement

C'est tout de même extraordinaire ce culot de Chirac de proposer un droit au logement opposable après 12 ans de mandat. Il est surtout important de savoir quels moyens seront pris pour le rendre effectif et sur qui en reposera la charge. Les annonces de ces derniers jours laissent un peu dubitatif : on annonce la construction de logements sociaux qui étaient de toute façon déjà programmés, on fait appel aux hébergements existants, le cas échéant en les détournant de leur finalité (les Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile par exemple), ... Tant mieux cependant si quelques moyens supplémentaires sont prévus.
Il me semble qu'il faudrait ajouter - ce que la droite ne fait pas - : des obligations pour les communes d'accueillir le logement social sur leur territoire ; des logements étudiants ; des systèmes de cautions étendues. Dans ce domaine aussi, il faudra revoir précisément le contenu de la proposition du gouvernement.
Pour maîtriser le coût du logement pour les ménages, il me semble aussi utile de travailler à la maîtrise du foncier : instruments d'urbanisme (par exemple, acquisition facilitée par les collectivités ou l'Etat), fiscalité pourraient y aider.

Commentaires

Dans le Monde daté du mercredi 10 janvier, la FNAIM annonce une augmentation du prix des logements de 7,1 % en 2006.
Depuis 2000, la hausse atteint 85 %.
A comparer avec la hausse des salaires ...
No comment.
A lire, dans le même numéro, un excellent papier de Michel Rocard : "Le capitalisme éthique (*), un principe fragile."

extrait :

"Salaires plus stock-options plus avantages divers, la rémunération des présidents et des deux ou trois plus hauts responsables des grandes sociétés multinationales contemporaines [est] passée en quelque trente ans d'environ quarante à cinquante fois le salaire moyen de leurs employés - le ratio de décence d'Henry Ford - à quelque trois cent cinquante ou quatre cents fois aujourd'hui.

S'il est vrai que souvent les surfaces commerciales de ces entreprises se sont étendues dans les mêmes proportions - c'est l'argument essentiel de leurs patrons -, ce n'est pas une raison suffisante pour accepter le principe d'un capitalisme prédateur à ce point-là.

Je crains cependant que la justice et l'indignation populaire n'y puissent pas grand-chose. Une condamnation, et même une mise en faillite, de temps en temps, ne sauraient corriger la logique du système. Car c'est bien d'un système qu'il s'agit.

Mais le plus grave n'est peut-être pas de l'ordre de l'éthique. Il pourrait bien être de l'ordre de l'économie.

En effet, le passage de la rémunération directoriale d'un petit 3 % de la masse globale des salaires à un gros 10 % oblige à pressurer le reste de la pyramide. Cette pression, conjuguée à celle des actionnaires maintenant massivement organisés - fonds de pension, fonds d'investissement, fonds d'arbitrage ou hedge funds - pour exiger le dividende maximal, oblige en effet les sociétés à licencier toute main-d'oeuvre non indispensable, à externaliser toutes les tâches non directement liées au savoir et à l'identité de la marque. Et bien sûr à limiter les augmentations au strict minimum. Le salaire réel moyen aux Etats-Unis est ainsi stagnant depuis vingt ans, il l'est maintenant en France depuis cinq ou six ans. Le développement du travail précaire est le produit direct de cette évolution, qu'atteste dans tous nos pays la baisse tendantielle sur une longue période de la part des salaires dans le PIB. En France, elle a ainsi baissé de 11 % de 1981 à 2005.

L'âpreté au gain de cette nouvelle couche de rapaces, actionnaires et dirigeants, pousse aujourd'hui les entreprises à la fraude, pour compte personnel ou pour compte d'autrui. Je ne vois pas la justice capable de triompher de forces aussi massives."

Lire l'article ici :

http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-853408,0.html

La justice, non. Mais la politique ? Une politique volontariste avec quelques axes développés par Rocard à la fin de son article. Une politique, allez, osons le mot ... socialiste.


(*) On appréciera l'oxymoron ... ;-)

Écrit par : bombix | 10 janvier 2007

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