05 février 2007
Vélos
Nous apprenons dans le journal que la Ville de Bourges envisage la mise en place d'un service de location de vélos sur Bourges. Très bien. Mais on précise qu'une étude doit d'abord en vérifier la rentabilité ! Alors là, on croit rêver !
Si c'est rentable, pourquoi aurait-on besoin de l'action publique ? C'est justement parce que ce n'est probablement pas "rentable" tout de suite que ce service n'existe pas mais qu'il faut le mettre en place pour interpeller les Berruyers, créer de nouvelles habitudes, en un mot, amorcer la pompe !
Aussi peu d'ambition, c'est confondant !
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Commentaires
Je préfère, chère Irène, vous entendre défendre les vélos plutôt que les canons. Car les missiles de MBDA, même fabriqués par des syndicalistes berruyers, c'est toujours fait pour tuer des gens en masse, non ?
Quant aux vélos ... j'essaie parfois de rouler à bicyclette à Bourges, mais c'est bien compliqué. Entre les nids de poules (allez voir par exemple dans le quartier pont-d'Auron Barbes), les bagnoles stationnées en masse sur les "pistes-cyclables-peintes-sur-la-chaussée-made-in-Lepeltier", les camions qui vous frôlent les fesses. Bref, faut être plutôt courageux.
Je n'ai jamais compris pourquoi notre écolo de Maire n'a pas intégré des pistes cyclables dans le tronçon de la route d'Orléans qui a été refait il y a peu. Pourquoi des arbres au milieu et rien pour les vélos à côté. Curieux.
Bref, c'est plutôt sympa cette initiative de vélos à louer. Mais si l'infrastructure routière n'est pas pensée en fonction des cyclistes aussi ... ça ressemble encore à une opération de "com" un peu vaine; et franchement comique si c'est la "rentabilité" qui est d'abord visée.
Écrit par : bombix | 06 février 2007
Je n'aime pas plus les missiles que vous et c'est pourquoi je pense qu'il faut se préoccuper de lutter contre la prolifération nucléaire, contre le dérèglement climatique qui génère des conflits pour l'eau, pour les droits de l'homme, pour les échanges équitables ... En attendant, ...
Ce que je tenais à mettre en valeur à la suite de mon entretien sur MBDA, c'était à la fois la fuite fiscale permise par nos fonctionnements européens actuels et le peu d'effort de recherche que font les entreprises pressées par la recherche de profits très élevés. Je crois (je crains) que c'est assez généralisable.
Pour les vélos, vous exprimez très précisément ce que je pense de la situation berruyère, c'est à dire un non-projet. L'inauguration récente en grande pompe de la rue de Parassy a quelque chose de pathétique : quelques centaines de mètres de véritable piste cyclable urbaine créés en 12 ans de mandat (auquel s'ajoutent les quelques mille mètres Boulevard Lahitolle). C'est tout !
Route d'Orléans, c'est Saint-Doulchard ... mais ce n'est pas mieux et c'est ou ce sera de la voirie "communautaire", c'est à dire à la charge de l'agglomération. Donc même combat !
Écrit par : Irène Félix | 07 février 2007
En attendant quoi ? Il fut un temps où le socialisme était internationaliste, et fustigeait les guerres qui lancent les peuples les uns contre les autres. Un certain Jaures en est mort. Pourquoi ont-ils tué Jaures ? chantait un certain.
Concernant ce qui se passe à MBDA, et le problème moral mis à part (car si on peut concevoir une industrie de l'armement pour la défense nationale, rien, absolument rien ne justifie les ventes d'armes à des pays dont les conflits sont le plus souvent des séquelles du colonialisme) c'est très exactement la conséquence de la libéralisation d'un domaine qui devrait exclusivement relever des prérogatives régaliennes des États. Les choses se sont passées au milieu des années 90, en imitation du modèle américain.
"Jusqu’au tournant des années 1980, - écrit Luc Mampaey - l’échec de la Communauté européenne de défense (CED), après son rejet par la France le 30 août 1954, avait eu pour conséquence de mettre à l’écart des débats sur l’intégration européenne toutes les questions de défense et d’armement. La production d’armes était le plus souvent confiée à des arsenaux et entreprises d’Etat, au cœur des prérogatives régaliennes de sécurité et de souveraineté. Elle bénéficiait d’un régime particulier dérogeant à la réglementation communautaire sur la concurrence et les marchés publics."
"Ce temps est révolu : au milieu des années 1990, les gouvernements de l’Union européenne ont favorisé l’intégration de leurs entreprises d’armement. Il s’agissait de mettre fin à la logique des « champions nationaux » et d’européaniser la production d’armement pour mieux contrer la concurrence des grands groupes américains. Cette stratégie repose sur une politique de privatisation et sur la priorité donnée aux marchés."
"Trois objectifs sont fixés : compétitivité de l’industrie de l’armement, ouverture des marchés et facilitation des exportations d’armes. Ces objectifs correspondent, en fait, aux intérêts des nouveaux actionnaires et sont le résultat d’une stratégie efficace d’un secteur (et de ses lobbies bruxellois) bien déterminé à faire prévaloir ses intérêts menacés par les partisans d’une Europe « puissance tranquille » et pacifique."
En gros, donc, la libéralisation du marché de l'armement se conjugue avec une politique militariste et agressive. Voir l'exemple Bush. C'est bien normal, si l'objectif visé, c'est le profit.
Je cite toujours : "C’est sous la pression de leurs industriels de l’armement, par résignation bien plus que par conviction, que les pays membres de l’Union se sont résolus à mettre fin aux protectionnismes nationaux qui prévalaient depuis des décennies sur les marchés de l’armement du continent. Le résultat de ce processus de concentrations-privatisations est spectaculaire, et trois groupes européens figurent désormais parmi les dix plus grands producteurs mondiaux : BAE Systems (Royaume-Uni), European Aeronautics Defense and Space (EADS, Pays-Bas) et Thales (France).[...] Au terme de ce processus marqué par un retrait significatif de l’Etat, l’emploi a fondu de quelque 40 %. Les deux premiers producteurs européens d’armement, la France et le Royaume-Uni, ont perdu à eux seuls plus de deux cent mille emplois entre 1991 et 2000. Malgré cela, les milieux d’affaires et financiers estiment que cette restructuration est inachevée et ne cachent pas leur impatience de voir l’Etat s’effacer complètement."
C'est dans la logique néolibérale une fois de plus. Et l'Europe là-dedans ? Elle se militarise, elle augmente ses budgets nationaux de défense, ainsi que le prévoyait le TCE. S'ensuit-il un renforcement de son affirmation politique ? On doit en douter, puisque le vrai pouvoir appartient désormais aux acteurs économiques qui détiennent les capitaux et imposent leurs stratégies en vue de profits toujours plus colossaux.
Amère ironie : l'Europe qui s'est construite après la guerre sur la volonté de construire la paix devient le vecteur de politiques militaristes commandées par l'espoir de profits juteux, au détriment des travailleurs.
Problème pour les socialistes européens et plus généralement pour tout socialisme réformiste : comment *aménager* un capitalisme prédateur, dans le domaine de l'armement comme ailleurs ? L'affirmation de principes (développement durable, droits de l'homme etc.) c'est bien. Mais cela doit se traduire politiquement. Le réel n'attend pas. Les restructurations et les délocalisations continuent, la misère et la précarité augmentent, les politiques nationales semblent de plus en plus impuissantes. La solution est certainement du côté européen, dans la construction d'une europe des peuples. La gauche européenne est-elle prête à affirmer ses valeurs, comment, et avec qui ? Si les socialistes français ne sont pas clairs sur ces sujets, les déceptions risquent d'être très fortes, et les conséquences désastreuses pour la gauche.
l'article du Monde Diplomatique cité
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/10/MAMPAEY/13995
Écrit par : bombix | 08 février 2007
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