Irène Félix

Monsieur le Maire, Chers Collègues,

Les électeurs ont choisi et nous respectons ce choix. Le recours que j’ai déposé, en mon nom personnel, a seulement pour objet de rappeler que la loi, qui est la même pour tous, doit être respectée et que nous sommes et serons vigilants à ce sujet, y compris en ce qui concerne les modalités d’expression auxquelles nous avons droit dans les supports municipaux.

Vous avez gagné l’élection avec un score comparable à celui de 2001 mais, vous comme nous, avez rassemblé un peu moins de voix encore qu’en 2001.

Il y a bien sûr la baisse du nombre d’inscrits, un indicateur parmi d’autres de la baisse de population que nous avons à maintes reprises déploré. Cette baisse est massive dans les quartiers nord de Bourges, quartiers d’électorat ouvrier et populaire que vous avez détruits. Cette baisse vous sert.

Mais il y a aussi une nouvelle érosion du pourcentage de votants, ramené à 56 %. 25602 électeurs se sont exprimés, sur les 71 000 habitants que compte la ville dont environ 57 000 en âge de voter. C’est peu. Or la démocratie a besoin de tous. Déjà défiée et affaiblie par le pouvoir économique et financier qui s’impose chaque jour un peu plus en France et dans le monde, elle sera plus encore fragilisée si les citoyens s’en détournent.

Depuis plusieurs années déjà, nous avons, dans les différents scrutins nationaux et locaux, senti les effets pernicieux de l’évolution sociologique des votants : à quoi bon, semblent penser certains, s’adresser à tous et, plus grave encore, prendre en compte la situation des gens modestes si un trop grand nombre d’entre eux se détournent des urnes ? Cette tentation, nous ne l’avons pas eue. Nous ne l’aurons pas. Nous serons présents tout au long de ce mandat pour porter le débat, expliquer, confronter les options et les projets, mettre en lumière les enjeux des votes et, nous l’espérons, susciter l’intérêt des Berruyères et des Berruyers pour la chose publique.

Mais il y a aussi des explications particulières à Bourges pour comprendre la baisse de la participation.

Le Plan de Renouvellement Urbain a été, pour beaucoup de Berruyères et de Berruyers, un grand chambardement, avec d’innombrables changements, démarches, repères à reconstituer. Dans de telles conditions, pour des familles parfois démunies face aux démarches administratives, les changements de bureaux de vote ne se sont pas faits. Considérez qu’il existe encore, sur les listes municipales, plusieurs dizaines de personnes domiciliées rue Alfred de Musset, dans une barre détruite il y a déjà 4 ans ! Que sont-ils devenus ? Combien d’entre eux ont-ils voté ? Comment sont-ils informés du vote et comment leur est délivrée la propagande électorale officielle ? Comment, un dimanche, sans voiture et sans bus, se déplacent-ils d’un point à un autre de la ville pour aller voter ?

Autre spécificité berruyère : les machines à voter. Nous n’avons pas approuvé leur utilisation, à l’évidence source d’angoisse pour les personnes âgées et les personnes peu accoutumées à l’usage de machines. La situation, dimanche dernier, était encore aggravée par le double scrutin cantonal et municipal. Les explications que sont amenés à apporter les Présidents ou assesseurs peuvent, même sans intention de nuire, induire le vote. Ces machines sont, sans bruit, un instrument supplémentaire de la fracture citoyenne.

La campagne qui s’est achevée dimanche a porté, quels que soient les intervenants, sur les stratégies politiques et sur les projets pour Bourges. C’est bien ainsi. Elle s’est toutefois terminée, de la part d’un membre de votre liste, par des propos à mon égard que la presse a qualifié « d’inélégants ». J’entends avoir, pour moi-même et pour tous les membres de la liste de la Gauche unie, la garantie d’être ici respectée tout au long du mandat. Vous en serez, Monsieur le Maire, comptable.

Au nom des 10638 électrices et électeurs qui ont voté pour nous dimanche dernier, nous serons particulièrement attentifs à cinq dossiers :
- l’accès au logement pour tous, à Bourges ;
- la mise en œuvre de mesures fortes pour que Bourges contribue effectivement à la lutte contre le réchauffement climatique sans aggraver les inégalités sociales – nous pensons que cela passe notamment par un plan d’ampleur pour les transports en commun - ;
- le développement universitaire et la création d’un véritable technopôle sur le site de Lahitolle, vecteur du développement économique de la ville ;
- l’implication effective de la ville et des bailleurs sociaux pour aider les personnes en chômage de longue durée à retrouver un emploi, grâce à la systématisation de la clause du mieux-disant social dans les marchés publics, conformément aux engagements antérieurs de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine ;
- la mise en place des conseils de quartier et le respect de la laïcité.

Enfin, nous serons très attentifs à la manière dont vous gèrerez les transferts de charges et de recettes de la ville vers l’agglomération Bourges Plus et à leurs conséquences pour les habitants de Bourges.

Nous, 11 élus de la gauche unie, serons, dans chacune de nos interventions, soucieux d’être utiles et de dessiner une véritable ambition pour Bourges, pour les Berruyères et pour les Berruyers.

Je vous remercie.