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21 décembre 2008

Conseil Municipal

L'école Jean-Jacques Rousseau s'était invitée au Conseil Municipal de Bourges, vendredi soir. L'occasion pour moi de revenir sur la notion de quartier, bien maltraitée par le Maire, tant du point de vue de l'urbanisme, des conseils de quartier que des établissements scolaires.

Ce Conseil, qui était aussi celui du vote du budget a permis de souligner, dans les comptes de la ville de Bourges comme dans ceux de toutes les collectivités locales, le désengagement de l'Etat : pour des dépenses de gestion en hausse de 3,5 %, les dotations de l'Etat sont en baisse de 2 %. La différence est payée par les Berruyers, dès maintenant (fiscalité et hausses de tarifs) et demain, par la baisse de l'autofinancement des investissements(on emprunte plus donc on paiera plus demain).

Ce désengagement de l'Etat ne concerne pas seulement les collectivités mais tout le service public d'Etat qui se retire jusqu'à l'absurde (voir le CREPS), ajoutant de la crise à la crise pour les entreprises et donc pour les salariés.

Vous trouverez ci-dessous mon intervention.


Monsieur le Maire, Chers Collègues,

 

Avec le très vif souhait que le groupe que je préside puisse s’exprimer ce soir sans entrave, je vous parlerai pour ce Conseil Municipal de trois enjeux :

-          les quartiers

-          les promesses

-          les finances et la solidarité.

 

Parlons quartiers d’abord.

 

Le quartier, c’est le lieu de la vie de proximité, le lieu de toute la vie pour celles et ceux qui ne se déplacent pas ou peu, les enfants, les personnes les plus âgées, les personnes les plus précaires. Le quartier, avec le regard de celles et ceux que je viens de citer, ce n’est pas le cinquième de la ville, ce n’est pas toute la ville : ce sont les rues d’à côté, les immeubles et les maisons d’à côté. C’est le lieu du lien social, des relations de voisinage, le lieu qui isole ou qui au contraire met en lien. C’est le lieu d’un apprentissage du développement durable, avec des déplacements pédestres possibles, des modes de consommation propres. C’est important le quartier, l’association du quartier, les commerçants du quartier, les adultes du quartier, l’école du quartier.

 

C’est pourquoi nous avons toujours regretté des extensions urbaines qui se font sans réflexion globale sur ce que pourrait être la vie de quartier, sans penser aux commerces et services associés, comme c’est le cas dans les nouveaux quartiers de part et d’autre de la rue Louis Mallet, dans les franges du Val d’Auron, avenue de Saint-Amand, à toutes les sorties de Bourges.

 

C’est pourquoi nous vous avons alerté sur le découpage et le nombre de conseils de quartiers que vous êtes entrain de mettre en place. Malgré nos interventions, malgré celles faites par les habitants lors des présentations publiques que vous avez organisées, vous avez maintenu une échelle qui n’est pas celle de la proximité pour ceux qui ont le plus besoin de proximité. Cela a incontestablement dissuadé beaucoup de ceux – assez nombreux- qui étaient venus s’informer et qui se sont retrouvés bien moins nombreux – à peine plus du double que le nombre de places - pour se porter candidats, avec des profils sociologiques moins divers que ne l’est la population de la ville. C’est, à notre avis une occasion ratée.

 

C’est pourquoi enfin nous déplorons et dénonçons votre décision de fermer les écoles Jean-Jacques Rousseau et, si vous le confirmez, l’école maternelle Louise Michel. Fermer une école est toujours mauvais signe.

Signe d’une attention légère portée aux enfants et à l’éducation ou d’un souci d’économie mal placé, qui se retrouve dans un budget en baisse pour les écoles : 160 000 euros en moins pour les écoles maternelles et primaires par rapport au budget 2008.

Signe d’une baisse de la démographie sur Bourges puisqu’il est possible, dites-vous aux parents, avec moins d’écoles, d’accueillir tous les enfants : nous ne cessons, depuis des années, de vous alerter sur ce point et sur les maintenant 40 classes – l’équivalent de 8 écoles de 5 classes, qui ont fermé sur Bourges dans les 8 dernières années.

Signe enfin d’une absence de réflexion sur le lien social, humain, de solidarité qui se crée dans la proximité, autour de l’école, dans les quartiers. A ce titre, nous regrettons vivement que vous n’ayez pas cherché à redessiner une carte scolaire qui assure durablement à l’école Jean-Jacques Rousseau sa place d’école de quartier, ni à saisir l’opportunité que, comme Maire, le droit vous donne et donne à vous seul, pour faire de l’espace désormais disponible un espace d’habitation pour une ville durable.

 

Parlons promesses ensuite.

 

Les Berruyers ont retenu de votre campagne quelques messages forts : le TGV, la piscine ludique, le palais des sports et des spectacles, et l’absence d’augmentation des impôts.

 

Pour le TGV, projet que je défendais aussi, l’échéance reste lointaine puisqu’il n’est pas inscrit dans la loi sur le Grenelle dans les projets « sûrs » à échéance de 2020. Mais je crois au volontarisme nécessaire sur ce sujet et continuerai d’y croire et de le défendre, sans exclusive et sous réserve de l’engagement financier réel de l’Etat.

 

Pour la piscine ludique, j’ai bien compris que vous la confiez à l’agglomération qui n’en a pas la compétence. On me permettra d’avoir quelques interrogations sur la méthode.

 

Quant aux impôts, vous nous proposez ce soir, leur augmentation. Pas une petite augmentation : plus de 7 %. J’en comprends les raisons, largement liées au désengagement de l’Etat vis-à-vis des collectivités locales qui ne vous permet pas, une fois rétablie la vérité des prix sur les ordures ménagères, de faire autrement. Mais vous le saviez. Cela ne vous pas empêché de promettre. Et cela mérite d’être dénoncé.

 

Restait le palais des sports et des spectacles : vous nous annoncez qu’il ne se fera pas. Je suis surprise que vous ne vous soyez pas renseigné avant la campagne électorale. Tous ceux que, comme moi, vous pouviez consulter disaient la même chose. Une grande salle polyvalente à Bourges, c’est extrêmement risqué pour ne pas dire déraisonnable : difficulté de la polyvalence, du choix de l’emplacement, mais aussi d’attirer un nombre suffisant de spectateurs au pouvoir d’achat ad hoc dans un environnement où les équipements existent déjà et peinent manifestement à fonctionner, comme à Châteauroux. Il me paraît plus honnête et plus respectueux des citoyens de ne pas promettre quelque chose qui ne peut se faire. 

 

Vous n’avez pas eu, semble-t-il, ce genre de scrupules.

 

Parlons finances et solidarité enfin

 

Le cœur de la vie publique, c’est la mise en commun de richesses pour le bien commun. Pour que les ambitions collectives se traduisent en réalisations concrètes, il faut que les lieux et les entreprises où se créent les richesses, les personnes les plus riches soient solidaires des lieux et des personnes chez qui la richesse est plus rare. Bourges, le Cher, pour s’épanouir, pour créer et préparer l’avenir ont besoin d’une part de la richesse existante, produite ou échangée dans tout le pays.

 

C’est pourquoi nous dénonçons la diminution des dotations de l’Etat vers les collectivités locales et l’appauvrissement du tissu local par la perte de services publics. Bourges a échappé, je l’espère durablement, à l’absurdité de la fermeture du CREPS mais n’échappe pas à la réorganisation territoriale de la Poste avec une menace sur un bureau de Bourges nord. Bourges et le Cher n’échappent pas au retrait insidieux de la Protection Judiciaire de la Jeunesse sur des missions qui étaient assurées il y a peu. Bourges n’échappe pas à diminution du nombre d’enseignants, la quasi disparition de services entiers de l’Etat, les financements remis en cause dans le domaine culturel, la vie associative, le Contrat Urbain de Cohésion Sociale, ... De tout cela, le tissu local souffre, la vie économique et sociale locale en est affectée. Dans cette situation économique angoissante pour nombre de salariés, dans un contexte très tendu pour l’emploi, l’UMP, dont vous vous réclamez, ajoute de la crise à la crise.

 

Dans le budget de la ville, cela se traduit très concrètement, et c’est, je le crois, en 20 ans de vie d’élue, la première fois que je le constate : les dotations de l’Etat à la ville baissent donc le coût du bon fonctionnement de la ville augmente à la charge des Berruyers.

 

Alors que les dépenses de gestion, celles qui servent au fonctionnement normal de la commune, augmentent de 3,85 %, les dotations de l’Etat baissent de 2 %. La différence, ce sont les Berruyers qui la paye : tout de suite, avec une hausse prévue du produit fiscal de 3,9 % et des services facturés en hausse de 1,8 %. Demain avec un virement à la section d’investissement extrêmement faible, 1 236 380 euros au lieu de 4 277 483 euros l’an dernier donc plus d’emprunt (36 millions d’euros au lieu de 23 millions d’euros) et des charges financières qui vont continuer d’augmenter. On voit ici très concrètement les effets détestables de la politique de vos amis – ce sont bien vos amis puisque vous vouliez il y a encore très peu être leur chef dans le Cher !- Pour maintenir le cadeau fiscal de 13 milliards d’euros fait aux plus riches tous les ans depuis 2007, cette politique étrangle les ménages, détruit le service public, met en péril l’investissement de l’Etat et déstabilise les collectivités locales.

 

Mais il y  aussi, dans ce budget, quelques évolutions significatives, dont vous assumez l’entière responsabilité, sur lesquelles il me semble nécessaire d’avoir quelques explications.

 

Il y a des lignes qui ne cessent d’augmenter :

-          la ligne « contrats de prestations de services avec les entreprises » augmente de 8,6 % entre 2008 et 2009 et de 13,5 % en deux ans ;

-          la ligne « honoraires » explose avec une augmentation de plus de 40 %, après un triplement l’an dernier ;

A quoi correspondent ces augmentations ? Correspondent-elles à des services rendus à périmètre constant, ce qui tendrait à prouver que le privé maîtrise moins bien ses coûts que le public ? ou à des services de plus en plus externalisés ? à quel type d’honoraires la ville fait-elle appel ?

 

Autre ligne en forte hausse encore cette année : la ligne fêtes et cérémonies. Je signale à celles et ceux qui critiquent les budgets de communication dans d’autres collectivités qu’il faut parfois regarder la poutre dans son œil plutôt que la paille dans celle du voisin. La ligne fêtes et cérémonies est prévue en augmentation de 16 % en 2009 et a été multipliée par 3,5 en 6 ans.

 

Il y a aussi des lignes désespérément stables : la dotation de fonctionnement au CCAS par exemple augmente de 0 % pour la deuxième année consécutive. Bel effort de solidarité et signe d’une ambition forte pour les personnes en situation difficile, pour les enfants et les familles.

 

Enfin, quand on rentre dans le détail de la lecture analytique du budget, il y a des baisses qui interrogent.

 

Sur l’ensemble des budgets école - enseignement (hors formation et enseignement supérieur) – sport et jeunesse, que j’ai regroupés car des réaffectations ont manifestement eu lieu entre les deux exercices, la baisse pour 2009 est de 4,3 % en moyens globaux et de 9 % en personnel. Outre la fermeture d’écoles que j’ai déjà abordée, que cache cette évolution ?

 

Ces choix, ceux de la privatisation, ceux des solidarités hésitantes, ceux des négligences pour la jeunesse et l’éducation, ces choix ne sont pas les nôtres.

 

Nous ne voterons, vous vous en doutez, pas ce budget.

 

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