Irène Félix

Balladur a remis sa copie. Je l'ai parcourue un peu rapidement hier soir.

A première vue : beaucoup de bruit pour pas grand chose.

Ensuite un beau hold up intellectuel, au nom des évidences, comme la droite sait si bien faire. L'Etat n'a plus d'argent : il ne faut pas lui en demander, ce ne serait pas raisonnable. Et puis les collectivités dépensent trop : leurs budgets ont augmenté depuis quelques années (vu les responsabilités qui leur ont été transférées, le contraire aurait été étonnant ...). Quant aux intercommunalités - qui avaient été faites "pour faire ensemble ce qu'on ne peut pas faire seul" et donc relancer le développement local -, elles ont le défaut d'avoir rempli (partiellement) leur mission : elles ont donc créé des services, donc de la dépense, ce n'est pas raisonnable ! Bref, il faut faire des économies (ce dont je suis d'accord) et clarifier les compétences (ce avec quoi je suis aussi d'accord). Mais de là à corserter nationalement la dépense locale, sans considération pour les défis de demain : réseaux de communication, vieillissement de la population, lutte contre le changement climatique ... Et puis, je n'ai pas bien vu la péréquation dans tout ça ...

Bref, un pur produit libéral.

Enfin, l'impression d'une préoccupation métropolitaine très forte. Est-ce parce que j'ai lu ce week end un rapport sur l'innovation dans les régions qui fait, lui aussi, la part belle aux concentrations urbaines ; est-ce de la "parano" ? Je ne le crois pas. Il s'affirme de plus en plus dans les sphères technocratiques et chez les élus des grandes agglomérations et métropoles, une volonté de concentration des pouvoirs qui leur permettrait, pensent-ils, de prendre une bonne fois pour toute de l'avance. Au nom de l'intérêt général, bien sûr : les "campagnes" (entendez, villes moyennes) ne font pas le poids dans la compétition internationale (avec Shanghaï, remarquez bien que Nantes ou Bordeaux et même Lille ou Lyon ne font pas le poids non plus) et se préoccuper d'accès aux services et de développement de tout le territoire ferait perdre du temps aux champions ... Donc on concentre tous les pouvoirs des communes, agglo et départements dans une même collectivité, la métropole. Les autres peuvent garder leurs structures vieillottes ... si elles veulent ! 

Berrichons, révoltons-nous !

Ah si, ironie ultime : dans le tripatouillage électorale sensé permettre à la droite de regagner des places, on s'en sort finalement avec des scrutins de listes partout. Pour la droite, c'est plutôt drôle. Ou alors a-t-elle a ce point peur de la débandade ?