06 mai 2006
Les bronzés 3 ou pourquoi faire de la politique ?
Ils sont allés voir les Bronzés 3 et ont décidé de retrouver leurs copains d'il y a 25 ans ! J'ai participé le week end dernier à des retrouvailles avec mes copains de prépa. Les parcours personnels, affectifs, spirituels, professionnels et militants des uns et des autres sont riches et parfois étonnants.
Me voilà donc sommée de justifier mon engagement politique. Il y a quelques années, j'aurais répondu : parce que l'état du monde ne me satisfait pas ; parce que je supporte pas l'injustice. J'aurais peut-être rajouté : vu l'état du monde, comment peut-on ne pas faire de politique ?
Aujourd'hui, j'aurais une réponse peut-être plus modeste. Je crois qu'il est bien assez des malheurs face auxquels la politique ne peut rien ou si peu (la maladie, la solitude, la mort) pour que nous n'y ajoutions pas d'autres malheurs sur lequels nous pourrions agir (la faim, l'absence de libertés, d'éducation, de dignité, ...). C'est cette exigence qui m'anime.
Il paraît que cet engagement, à 25 ans de distance, n'a en fait étonné personne.
Je vous livre quelques lignes des Mémoires d'Hadrien, de Marguerite Yourcenar, qui dit cela magnifiquement.
" Et je n'écoutais que d'une oreille les gens bien intentionnés qui disent que le bonheur énerve, que la liberté amollit, que l'humanité corrompt ceux sur lesquels elle s'exerce. Il se peut : mais, dans l'état habituel du monde, c'est refuser de nourrir convenablement un homme émacié de peur que dans quelques années il lui arrive de souffrir de pléthore. Quand on aura allégé le plus possible les servitudes inutiles, évité les malheurs non nécessaires, il restera toujours, pour tenir en haleine les vertus héroïques de l'homme, la longue série des maux véritables, la mort, la vieillesse, les maladies non guérissables, l'amour non partagé, l'amitié rejetée ou trahie, la médiocrité d'une vie moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes : tous les malheurs causés par la divine nature des choses."
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Commentaires
Bobos et vague à l’âme.
Les scientifiques découvrent de nouvelles (nano) technologies, lesquelles vont permettre de soigner autrement certaines maladies en amenant le médicament exactement à l’endroit voulu.
Malheureusement, elles permettront aussi de faire la guerre encore plus efficacement avec une miniaturisation des composants de certains engins de guerre (drône, etc).
Et l’atome, ah l’atome ! si bien maîtrisé en médecine et généreux donateur d’énergie électrique, si bien dominé, (avec quelques ratés tout de même) et tellement efficace en cas de conflit avec la A et la H et même la haine(N, excusez) à notre disposition.
L’exploration du génome humain aussi, va permettre de soigner certaines maladies génétiques mais également de produire des petits Nobel en série, lesquels pourront, comme certains chimistes en 14, trouver des produits indispensables dans la vie courante, avec à l’occasion une application intéressante vers les armes de destruction massive.
L’espace enfin, à la législation floue, qui permet de progresser dans de nombreux domaines scientifiques en dispensant ses innombrables bienfaits, avec dans les cartons de quoi préparer, vite fait bien fait, une guerre des étoiles.
Même Internet qui véhicule certains sites abominables, consultables par des enfants, mais qui est un formidable outils de communication et qui contribuera peut-être à propager les connaissances et une information fiable, plus rapidement.
Je n’aborde pas les études actuelles sur le cerveau, exploration biologique du conscient et de l’inconscient.
En clair, peut-on demander aux chercheurs de haut niveau d’exercer sur leur recherche des vétos dont la nature fait appelle à la conscience de l’humanité ? La réponse est évidemment non pour la simple raison qu’ils ne sont pas en mesure de prévoir toutes les applications bonnes ou mauvaises de leurs découvertes.
Doit-on pour autant les dispenser d’une conscience politique ?
Non, tout au contraire, mais en général, leur métier, c’est la découverte, pas la politique!
Les ingénieurs, les techniciens, tous ceux qui appliquent ces découvertes, doit-on leur demander d’exercer un véto de même nature dans la mise au point de leurs produits et de leurs machines ?
La réponse est moins évidemment non, car ils ne sont guère en mesure d’en prévoir les effets dévastateurs et puis, si ce n’est pas eux, ce sera d’autres, ailleurs, qui le feront( l’intérêt aidant).
En définitive, celui qui décidera de l’utilisation, c’est le politique, c’est lui qui ordonnera.
Qu’il se débrouille avec sa conscience de l’humanité.
Ainsi, je partage plus l’optimisme de Marguerite Yourcenar et je ne vois pas, grâce au progrès, les politiques réduits à traiter le vague à l’âme de leurs concitoyens. Pour eux, tout au contraire, et à cause du progrès, les décisions seront sans doute de plus en plus difficiles à prendre avec des enjeux de plus en plus importants et une culture de l’humanité qu’il leur faudra développer et dominer.
C’est pourquoi je crois dans le Parti Socialiste et dans les forces de Gauche.
Mais il ne faut pas penser que le monde sera meilleur demain et ne pas s’en attrister.
Demain naîtra un Hitler, après demain un Pol-Pot. Aux politiques (et à la politique) de faire en sorte que ces gaillards demeurent d’illustres inconnus.
Ceci me rappelle des prises de position de certains scientifiques de haut niveau, de la fin du 19ième siècle, énonçant que toute la physique, presque, était découverte et que si certaines zones d’ombre subsistaient ça et là, il ne s’agissait que d’ajustement des théories existantes. On sait ce qu’il en advint.
A l’avenir, j’ai bien peur qu’il faille nous même ( avec un soupçon d’aide médicale)traiter l’aspect politique de certains problèmes relevant de l’amour, de l’amitié, de l’égo et les petits bobos de l’âme, les politiques étant trop occupés par ailleurs.
Écrit par : Jean Sians | 08 mai 2006
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