Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30 avril 2010

Conseil Municipal de Bourges

Le dossier, ce soir, c'était encore l'urbanisme et principalement Avaricum. J'ai fait un peu "d'archéologie" pour rafraîchir la mémoire de tous. L'histoire remonte début 2001 ("à l'aube du troisième millénaire", ai-je dit en me faisant conteuse). Le 9 février 2001, pendant la campagne électorale, le Maire adresse un courrier aux 220 foyers du quartier s'engageant à ne pas détruire les 220 logements sociaux qui étaient construits là, où il n'y a plus qu'un trou et une immense palissade. Quelques mois plus tard et l'élection passée, changement de discours : dès octobre 2001, des réunions publiques annoncent la fin du quartier social. D'études en présentations, de combats pour obtenir la rénovation des logements sociaux en "expertises" diverses, la démolition est actée et un projet est choisi. Le 26 mars 2004, la Ville crée une Zone d'Aménagement Concerté pour "reloger sur le site ou à proximité immédiate tous les locataires, créer un hôtel, 5000 m² de surfaces commerciales et un parking de 1100 places" et lance une consultation en vue de désigner un aménageur. La gauche, qui vote contre le projet, déplore que le foncier disponible en centre ville serve de substitution aux démolitions programmées plutôt qu'à renforcer la place du logement social dans un quartier plutôt "bourgeois". Elle s'inquiète de l'aliénation (la vente) de l'espace public à un aménageur privé.

 

Un an et demi plus tard, en octobre 2005, il faut supprimer le projet poiur lequel personne n'a répondu dans les termes prévus (pas de coût pour la ville). La ZAC est supprimée. En décembre, un nouveau projet de ZAC est mis en "concertation" pour être approuvé, toujours par la seule majorité municipale, le 29 mars 2006. Cette fois, il n'y a plus que "au minimum 30 logement sociaux" mais il y a 15000 m² de surface commerciale pour rentabiliser le parking de 1000 places. En cohérence aves nos positions précédentes, nous déplorons la réduction comme peau de chagrin du logement social et mettons en doute la faisabilité du parking sur 3 à 4 étages dans la nappe. De fait, 3 ans après, l'autorisation au titre de la loi sur l'eau n'était toujours pas donnée.

 

Un engagement de vente intervient un peu plus tard avec la société Urbanisme et commerce, porteuse d'un projet de centre commercial assez séduisant ... sous réserve qu'il se fasse et qu'on soit un peu amnésique sur la question du logement social. Je m'inquiète cependant de l'esplanade privée qui sera close en soirée, proposant, lors des municipales, d'en refaire un espace public. Je propose aussi de renforcer la place du logement social sur le site. Sans lendemain. S'engagent alors les premiers gros travaux, à la charge de la ville : détournement du lit de l'Yèvrette qui traversait la parcelle, reconfiguration des réseaux, premières fouilles. Et là, coup de théâtre : on y trouve des restes de thermes, "d'ampleur européenne". Le Préfet de Région ne donne pas d'autorisation de construire et impose des fouilles complémentaires. La signature de la vente à l'aménageur devait intervenir avant le mois de novembre 2009. Constatant que les clauses suspensives de la vente ne seraient pas remplies à cette échéance (chantier de fouilles en cours et autorisation loi sur l'eau non parvenue), le délai est repoussé d'un an. Le parking sur trois étages est promis à l'abandon. En conséquences, le nombre de places doit être réduit, les surfaces commerciales aussi.

 

Et c'est ainsi qu'est proposé au Conseil de ce jour une modification du dossier de la ZAC pour acter l'impossibilité de réaliser le projet initial : 320 à 450 places de parking, 9 000 à 11 000 m² de surfaces commerciales et "la possibilité d'avoir des logements sociaux" sans aucune indication de nombre. Concernant les découvertes archéologiques qui étaient il y a peu encore "d'ampleur européenne", il ne s'agirait plus désormais, "sur de très petites surfaces" que "de vestiges attribués à un vaste ensemble thermal". Avant même que la deuxième phase de fouilles ait eu lieu, on s'empresse de dégonfler le dossier pour ne surtout pas avoir à envisager une quelconque mise en valeur des restes archéologiques. Le centre commercial reste d'ampleur significative. Il aura besoin d'habitants à proximité pour compenser la baisse des flux : il serait donc judicieux de renforcer le logement sur le site. Il n'en est pas question.

 

En fait, le projet doit changer et a changé. Juridiquement, peut-on considérer que l'aménageur choisi pour le projet de 2006 est forcément légitime pour un nouveau projet ? Ne faut-il pas plus substantiellement rebattre les cartes ? Prendre en compte les fouilles et d'abord attendre leur issue ? S'interroger, au moment où s'élabore le Plan de Déplacement Urbain sur la contribution de ce site au plan global ? aux évolutions urbaines ? et d'ailleurs, doit-on, près de 10 ans après, penser l'urbanisation de la même façon ?

 

Et enfin, qu'est-ce que cela a, déjà, coûté à la ville et aux Berruyers, ce "trou" à tous les sens du terme ?